L’humanitaire était retenue depuis 2016. Dans le cadre de la négociation, plus d’une centaine de djihadistes condamnés ou présumés ont été libérés au cours du week-end.

« On peut ce soir se réjouir de sa libération ». C’est par ces mots que Lionel Granouillac, neveu de Sophie Pétronin, a confirmé ce mardi, dans l’émission C à vous (France 5) et sur BFM TV, la libération de sa tante, humanitaire française enlevée au Mali et retenue en otage depuis le 24 décembre 2016.

Cette dernière est à bord d’un avion en direction de Bamako aux côtés de son fils, Sébastien. L’agence AP a elle aussi annoncé quelques heures plus tôt que Sophie Pétronin était « libre », mais ni les autorités françaises, ni le gouvernement malien n’ont encore confirmé l’information.

Tôt ce mardi matin, le fils de Sophie Pétronin, bien que d’une extrême prudence, se voulait optimiste. « Ça sent bon », nous confiait-il en nous invitant à la réserve. Lui ne voulait prendre aucun risque avant de retrouver sa mère, qu’il n’avait plus vue depuis bientôt quatre ans. Peu après, il s’est envolé vers Bamako. C’est là que les retrouvailles doivent avoir lieu.

« C’est une très grande émotion que je ressens, confie au Parisien Arnaud Granouillac, neveu de Sophie Pétronin. C’est la fin d’un long calvaire, tout particulièrement pour Sébastien ».

Après presque deux mois de silence, l’espoir avait une première fois regagné les membres de sa famille à la fin du mois de mars. En plein confinement, Sébastien Pétronin, qui réside dans le Jura, avait été convoqué par les autorités françaises afin que ce dernier se rende au Quai d’Orsay.

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Sur place, il avait appris une bonne nouvelle, après des mois d’attente. La cellule de crise du Quai d’Orsay lui avait alors certifié que l’Etat français disposait d’une preuve de vie récente de l’otage française, jugée fiable et datant du début du mois de mars. Dans un communiqué, les proches de l’humanitaire captive avaient précisé ne pas disposer d’éléments supplémentaires.

Des vidéos inquiétantes
Avant ce rebondissement, la dernière preuve de vie de Sophie Pétronin datait de la mi-juin 2018. Dans une vidéo, elle y apparaissait très fatiguée, le visage émacié. Elle en appelait alors à l’intervention du président de la République, Emmanuel Macron. Dans une autre vidéo diffusée sept mois plus tôt, ses ravisseurs annonçaient que son état de santé s’était dégradé.

En avril 2019, dans une tribune publiée dans le Journal du Dimanche, Sébastien Pétronin avait accusé la France d’avoir écarté toute idée de négociations avec les djihadistes qui retenaient alors sa mère au Mali. « Ma mère est sacrifiée car on ne veut pas discuter, voilà », écrivait-il alors. Lui expliquait avoir réussi en 2018 à entrer en contact avec les ravisseurs de Sophie Pétronin. « Au Mali et en Mauritanie, j’avais mis en place une filière de communication avec les djihadistes, j’avais un intermédiaire. Ils m’ont fait une proposition inédite. Ce qu’ils demandaient en échange de ma mère était symbolique. Mais je devais avoir l’accord du gouvernement pour accepter. Le Quai d’Orsay a refusé cette proposition et n’a pas souhaité discuter avec les djihadistes », détaillait-il en décembre 2018 auprès du Parisien.

Plus d’une centaine de djihadistes libérés
Ce dossier a fini par se décanter. Difficile, à ce stade, de connaître les conditions exactes de la libération de l’otage. Ce week-end, cependant, plus d’une centaine de djihadistes condamnés ou présumés ont été libérés au Mali. Une décision qui présentée comme liée aux négociations visant à libérer Sophie Pétronin et Soumaïla Cissé, un ancien chef de l’opposition parlementaire, qui est arrivé deuxième à trois reprises de l’élection présidentielle malienne. Âgé de 70 ans, il avait été capturé le 25 mars dernier alors qu’il était en campagne législative dans la région de Tombouctou.

« Dans le cadre de négociations pour obtenir la libération de Soumaïla Cissé et de Sophie Pétronin, plus d’une centaine de prisonniers djihadistes ont été libérés ce week-end sur le territoire malien », affirmait sous couvert de l’anonymat un responsable de la médiation auprès de l’AFP. Une information confirmée par un responsable des services de sécurité maliens a confirmé ces informations. Les prisonniers ont été relâchés dans le secteur de Niono (centre) et dans la région de Tessalit (nord) vers où ils ont été acheminés par avion, selon ce dernier.

Arnaud Granouillac estime lui aussi que l’action des Maliens a permis de débloquer la situation. « Emmanuel Macron a toujours dit qu’il ne négocierait pas avec les djihadistes. Il n’a pas varié et c’est la libération des otages par les autorités maliennes qui a permis de débloquer les choses. » Source: LeParisien